http://www.myspace.com/aliceinchains
Origine du Groupe : North America
Style : Alternative Rock , Grunge , Folk , Acoustic
Sortie : 1996
Par Ulyssangus pour
http://www.destination-rock.com
UNPLUGGED, OU LA FLAMBOYANCE INTIMISTE
Les dernières apparitions publiques d’Alice In Chains remontent à l’année 1993. Les rumeurs de dissolution s’enchaînent, sans que personne ne puisse vérifier leur véracité. Pourtant, le groupe
est bien vivant, comme le prouvent l’impeccable Jar Of Flies, et le torturé éponyme de 1995. Le quatuor, à la sortie de ce dernier album, décide à nouveau de ne pas reprendre les concerts.
L’addiction de Layne Staley est connue de tous, et cette décision ne surprend personne. L’état de santé effrayant du chanteur est évoqué à demi-mot par certains de ses amis, désespérés par sa
défaite face aux opiacés. Alice In Chains resurgit pourtant, à la surprise de tous, et d’une manière à la fois élégante et inattendue : lors de la sacro-sainte émission Unplugged de MTV.
Enregistrée en avril, l’émission paraît en disque en juillet, parvenant jusqu’à la première place des meilleures ventes. Elle présente également le groupe sous son jour le plus inhabituel,
puisque le guitariste Scott Olson est présent pour étoffer les arrangements acoustiques. Le succès brillant de l’album et de l’émission prouvent à nouveau qu’Alice In Chains n’a pas quitté le
cœur du public durant ses années de silence, loin de là. Premier concert des américains en deux ans et demi, mais aussi une des dernières apparitions de Layne Staley, Unplugged multiplie les
symboles.
L’aura qui se dégage de cet album est proprement indescriptible. L’auditeur, dès les premières mesures de Nutshell, est happé dans un climat tragique, à la fois transcendant et désolant. Une
noirceur indéfinissable plane sur l’ensemble du projet, s’insinuant dans le moindre couplet, dans le moindre accord, dans la moindre note. La musique d’Alice In Chains, même privée de ses
attributs électriques, demeure aussi saisissante qu’à l’origine. Sa force sombre est telle que le public garde un silence respectueux durant la plus grande partie des morceaux, littéralement
dominé par la prestation scénique aussi modeste qu’époustouflante accomplie par le quintette. Libéré des contraintes rythmiques, Jerry Cantrell peut se concentrer sur les mélodies et les soli,
livrant de frémissantes caresses mélodiques, avec retenue, douceur et mélancolie. La basse de Mike Inez est parfaitement mise en valeur, bien plus que sur les albums du groupe, se coulant avec
aisance entre les guitares et la batterie, dardant des lignes captivantes, sans cesse changeantes. Sean Kinney frappe ses fûts avec sa rigueur habituelle, s’alliant aux instrumentistes, les
soutenant sans les gêner. Mais tous les musiciens présents ne sont que des rouages d’une machine qui les dépasse, d’un être collectif de loin supérieur à la somme de ses membres.
Et, toujours au sommet de l’édifice savamment tissé par le groupe, planent les voix de Jerry Cantrell et de Layne Staley. L’organe carré, direct, suave du guitariste et celui vibrant, éraillé,
percutant du chanteur s’entremêlent, se répondent, se complètent, se combattent avec tristesse et volupté. Leur ballet, nimbé d’un chagrin confinant à la morbidité, trouve ici son incarnation la
plus naturelle, la plus subjuguante. Pour paraphraser la formule ô combien galvaudée d’Alfred de Musset, les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Unplugged semble être la traduction de
cette citation dans le monde du rock. Si Dirt illustrait la bataille entre un homme et ses démons, Unplugged incarne quant à lui le contrecoup de la défaite, la résignation, la capitulation.
Cette marche funèbre, capable de saisir le plus indifférent, est le couronnement de l’œuvre d’Alice In Chains. Parfois, l’auditeur à l’impression d’entendre ces titres pour la première fois, tant
leur force originelle est transcendée par la performance presque surnaturelle du quintette. Introduction idéale à l’œuvre d’Alice enchaînée, œuvre déprimante et déprimée, symbole d’une époque
révolue, Unplugged est tout cela, et bien plus encore. Reste, de nos jours, la figure sombre, émaciée, pâle, creusée, de Layne Staley, livrant de toute son âme une des plus poignantes prestations
des années 1990, quelques années avant la fin inévitable.
REGARDER LE CONCERT LIVE EN ENTIER
Tracklist :
1 - Nutshell
2 - Brother
3 - No Excuses
4 - Sludge Factory
5 - Down In A Hole
6 - Angry Chair
7 - Rooster
8 - Got Me Wrong
9 - heaven Beside You
10 - Would?
11 - Frogs
12 - Over Now
13 - Killer Is Me
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